En cette fin de semaine, je vous propose une "analyse Hofstede" de la Norvège.
J'ai appris à utiliser la théorie des dimensions culturelles de Geert Hofstede en cours de communication l'année dernière, alors ce serait bête que je ne m'en serve pas pour comprendre un peu mieux la culture norvégienne, non ?
Alors je sais que tout ça à de fortes chance de vous ennuyer (la moitié d'entre vous ayant certainement déjà quitté la page en voyant le pavé là dessous^^), donc je vous autorise à aller prendre votre café hihi. Mais si vous décidez de lire cet article jusqu'au bout, je veux bien vous l'offrir votre café (lait ? sucre ? brownie ?)...
Geert Hofstede, c'est ce Monsieur :
Il a l'air sympa comme ça, mais c'est un psychologique social et un anthropologue anglais reconnu dans son domaine et maintes fois récompensé pour ses recherches (on rigole plus, hein ?). Il a notamment étudié les interactions entre les différentes cultures et établi une théorie, THE théorie des dimensions culturelles, qui propose une structure systématique pour évaluer les différences entre les nations et les cultures, donc pour les comparer.
Cette théorie se base sur six dimensions culturelles :
- La distance hiérarchique
- L'identité (collectiviste ou individualiste)
- Le genre (masculin ou féminin)
- L'orientation temporelle (court ou long terme)
- L'acceptation de l'incertitude (par opposition à l'évitement de l'incertitude)
- Le degré d'indulgence
La distance hiérarchique
Cette dimension exprime la mesure dans laquelle les membres les moins puissants d'une société acceptent que le pouvoir soit réparti inégalitairement. Autrement dit, on regarde comment une société gère les inégalités entre les personnes. Un haut score dans cette dimension signifie qu'une culture accepte une certaine forme de position hiérarchique, sans que celle-ci ne soit spécialement justifiée. Au contraire, dans une société avec une faible distance hiérarchique, les gens cherchent à équilibrer la répartition du pouvoir et demandent à ce que l'on justifie les inégalités de pouvoir.
L'identité
Les cultures individualistes (c'est-à-dire avec haut score dans cette dimension) accordent de l'importance à la réalisation des objectifs personnel. Au contraire, les cultures collectivistes (avec un faible score dans cette dimension) donneront de l'importance aux valeurs familiales, aux objectifs du groupe dans son ensemble, etc. En d'autres termes, la position d'une société sur cette dimension se reflète dans l'image de soi, c'est-à-dire si les personnes se définissent en termes de "je" ou de "nous".
Le genre
Cette dimension représente la préférence accordée par une culture aux valeurs dites "masculines" (réalisation, héroïsme, pouvoir, matérialisme, affirmation de soi, etc) ou "féminines" (coopération, modestie, qualité de vie, etc). Une société masculine sera plus compétitive, une société féminine sera plus orientée vers le consensus.
L'orientation temporelle
Cette dimension décrit l'horizon temporel d'une société. Les cultures orientées à court terme accordent de l'importance aux traditions, prennent du temps pour créer de nouvelles relations,... Les cultures orientées à long terme, quant à elles, regardent plutôt vers le futur en visant des objectifs.
L'acceptation de l'incertitude
Cette dimension exprime la façon dans les membres d'une société gèrent l'incertitude et l'ambiguïté. La question fondamentale est de savoir comment une société traite avec le fait que l'avenir ne peut être connu : essaie-t-elle de le contrôler, ou non ? Les pays présentant un score élevé ne seront que très peu tolérants et instaureront des normes strictes. Les sociétés avec un score plus faible seront quant à elle plus ouvertes au changement.
Le degré d'indulgence
Enfin, cette dernière dimension (vous vous dites ouf ;) mesure la capacité d'une culture à satisfaire les besoins immédiats et les désirs de ses membres. Les sociétés qui donnent de la valeur à la modération disposent de règles et de normes strictes en dessous desquelles la satisfaction des désirs personnels de chacun est limitée.
Voilà le tableau récapitulatif des valeurs accordées à chaque dimension culturelle. J'y ai mis la Norvège bien sûr, mais également la Suisse et la France pour que vous puissiez comparer et peut-être vous faire plus facilement une idée de ce que chaque valeur représente.
L'analyse qui suit, je l'ai simplement traduite du site du centre Hofstede (lien au fond de l'article). Je n'ai voulu ni changer les mots ni simplifier quoi que ce soit, afin que ce soit le plus juste possible.
La distance hiérarchique
Le faible score de la Norvège dans cette dimension (31) signifie que la culture norvégienne est caractérisée par les éléments suivants : indépendance, hiérarchie uniquement pour plus de commodité, égalité des droits, accessibilité des supérieurs,...Le pouvoir est décentralisé et les managers comptent sur l'expérience des membres de leur équipe, qui s'attendent d'ailleurs à être consultés.
Le contrôle est détesté et l'attitude envers les managers est informel (tutoiement).
La communication est directe, participative et orientée vers le consensus.
L'identité
La Norvège, avec un score de 69, est considérée comme une société individualiste. Cela signifie que le "soi" est important, et que les opinions, individuelles et personnelles, sont valorisées et exprimées. La communication est donc explicite. En même temps, le droit à la vie privée est important et respecté. Il y a donc des barrières claires entre la vie professionnelle et la vie privée.
La mobilité professionnelle est plus élevée, et l'on pense en terme de carrières individuelles.
La relation employé-employeur est basée sur un contrat et les dirigeants se concentrent sur la gestion des individus.
Les feedbacks sont directs et le népotisme n'est pas encouragé.
Le genre
La Norvège obtient un score de 8, et est donc la deuxième société la plus féministe (après la Suède). Cela signifie que les aspects les plus "doux" de la culture - tels que le consensus, la coopération "indépendante" et la sympathie pour les opprimés - sont valorisés et encouragés.
Prendre soin de l'environnement est important.
Essayer d'être mieux que l'autre n'est ni socialement ni matériellement récompensé.
La solidarité est importante, il faut travailler pour vivre et faire de son mieux.
Des mesures incitatives, comme le temps libre et la flexibilité, sont favorisés.
Les interactions par le dialogue sont valorisées, le développement encouragé.
L'accent est mis sur le bien-être.
Un manager efficace est quelqu'un qui soutient.
L'orientation temporelle
Avec un score relativement bas de 35, la culture norvégienne est plus normative que pragmatique. Dans une telle société, les gens accordent de l'importance à la vérité, ils sont normatifs dans leur manière de penser.
De plus, ils respectent les traditions, n'ont qu'une faible propension à économiser pour le futur et se concentrent sur la réalisation rapide des objectifs.
L'acceptation de l'incertitude
La Norvège obtient un score de 50, ce qui n'indique aucun préférence pour cette dimension.
Le degré d'indulgence
La Norvège a un score intermédiaire de 55. On ne peut donc pas en tirer de conclusions.
Félicitations si vous êtes arrivés jusqu'ici :) Vous méritez votre café hihi. J'espère que ça n'aura pas été trop barbant, et que vous aurez appris plein de choses ?
N'hésitez vraiment pas à utiliser cet outil pour votre pays (ou n'importe quel autre, d'ailleurs), les analyses sont pertinentes et toujours intéressantes.
Belle soirée, et bon week-end surtout :P
Sources et outils à votre disposition :
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